En novembre 2019, le Fonds Houtman lançait, à l’occasion de ses 30 ans, un appel à candidatures pour un Prix de 40.000 € sur le thème du droit à la participation des enfants et des jeunes.

Au travers des 48 candidatures reçues dans le cadre de ce Prix, nous avons pu constater que les domaines dans lesquels pouvait se jouer ce droit étaient nombreux et vastes. Que de nombreux enfants et jeunes étaient encore privés de l’exercice plein de leur droit à s’exprimer et à participer. Il est évident que les mesures imposées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus n’ont pas facilité cet exercice, ont accentué encore l’exclusion dont certain·e·s souffrent déjà. Le travail des acteur·rice·s du monde de l’enfance et de la jeunesse a été impacté également ces derniers mois. Le Prix Herman Houtman 2020 « Et si on écoutait les enfants ? » a été attribué à l’ASBL Comme un Lundi, pour son projet « Parlons Jeunes »

Mais le Fonds Houtman a également lancé un appel à candidatures pour soutenir des nouveaux projets, autour de 4 thématiques précises, afin de permettre à davantage de projets d’être soutenus. Un budget global de 150.000 € a été dégagé.

Cette décision rejoint aussi l’esprit du prochain Plan d’Action relatif aux Droits de l’Enfant de la Fédération Wallonie-Bruxelles (PADE 2020-2024), puisque la participation y apparaît en 3e objectif stratégique.

Les 4 thématiques retenues dans le cadre de cet appel sont les suivantes :

  1. La culture et l’accès à celle-ci ;
  2. La santé ;
  3. La nature/l’environnement/l’écologie ;
  4. La diversité au sens large : les projets peuvent s’intéresser aussi aux questions liées au genre, à l’intergénérationnel, à la multiculturalité, au handicap… à la « différence » au sens large.

8 projets (sur les 165 candidatures reçues) ont été retenus par le Comité de Sélection dans le cadre de l’appel à projets « Et si on écoutait vraiment les enfants ? » :

  • « La diversité dans tous ses états », par la FAML, Fédération des amis de la morale laïque.
  • « Apprentis scénographes : quand les enfants conçoivent leurs propres espaces pédagogiques et ludiques pour le Musée d’Ixelles », par l’ASBL XLart.
  • « Expressions de rue 2 », par l’AMO Dynamo.
  • « Gaming House », par la Maison des Jeunes d’Arlon.
  • « Coup d’œil : 3ème ! Zoom sur l’interculturalité », par le Centre de Jeunesse de l’Ouest / l’ASBL La Baraka.
  • « Bruxitizen : droits à l’éducation pour tous, qu’en pensent les jeunes ? », par l’Agence Alter.
  • « Vis ta Vie », par l’ASBL Ras-El-Hanout.
  • « Ce Covid qui me vide », par le Foyer des Jeunes des Marolles.

Voici les 9 principes décrits initialement par Gerison Lansdown  :

  1. La transparence et la clarté de l’information relative à la participation de l’enfant ;
  2. Le caractère volontaire de la participation ;
  3. Une participation respectueuse ;
  4. Une participation pertinente ;
  5. Un environnement adapté aux enfants ;
  6. Une participation inclusive ;
  7. Une participation soutenue par des acteurs formés ;
  8. Une participation sûre et prévenant les risques potentiels pour les enfants (risques liés à la participation) ;
  9. Un processus de participation responsable.

Projet 1 : « La diversité dans tous ses états » - la FAML, Fédération des amis de la morale laïque

« La diversité dans tous ses états » est un projet participatif et de sensibilisation à la diversité. Il se divise en deux parties : « Pas de stop à la diversité » et « Focus sur la diversité » ; et il se poursuivra avec la mise en location de valises pédagogiques sur le thème de la diversité.

« Pas de stop à la diversité » est un projet qui consiste en des animations participatives à la suite desquelles les enfants réaliseront un film d’animation en stop motion. Ils questionneront la diversité ; le projet commencera par des ateliers philo lors desquels les jeunes définiront ce qu’est la diversité selon eux. Ils choisiront par un vote sur quel type de diversité ils voudront se concentrer, et participeront ensuite à une animation sur cette thématique, qui devra les aider à s’informer sur le sujet pour qu’ils puissent ensuite rédiger un scénario de court-métrage, pour en arriver finalement au tournage du film destiné à sensibiliser à la problématique (à destination des élèves de l’école qui n’auront pas participé au projet).

« Focus sur la diversité » consiste en une exposition de photographies prises par des jeunes et envoyées par mail ou transmises par les écoles/associations partenaires. Les enfants seront les moteurs encore de cette partie du projet. Ils mettront en avant la présence des stéréotypes, préjugés et discriminations qu’ils observent ou vivent dans leur quotidien, que ce soit à l’école, dans leurs loisirs, dans la rue… ou leur vision de ce que devrait être la diversité grâce à la forme artistique qu’est la photographie. L’exposition sera accessible physiquement et virtuellement pour une large diffusion. Elle sera également un levier de sensibilisation pour les visiteurs de l’exposition, qu’ils soient jeunes ayant ou non participé à l’expérience ou adultes.

Projet 2 : « Apprentis scénographes : quand les enfants conçoivent leurs propres espaces pédagogiques et ludiques pour le Musée d’Ixelles » - ASBL XLart

Ce projet participatif vise à rendre les enfants acteurs du Musée d’Ixelles – un musée d’art centré sur l’art belge moderne et contemporain. Comme de vrais scénographes, les enfants seront amenés à y concevoir des espaces, outils pédagogiques et dispositifs d’accueil destinés aux futurs enfants-visiteurs du Musée, pour la réouverture de celui-ci (prévue au printemps 2024). Ces espaces, outils pédagogiques et dispositifs d’accueil seront réfléchis, imaginés et conceptualisés par les enfants. Leur réalisation finale sera construite en collaboration avec des professionnels (médiateurs culturels, menuisiers, scénographes, graphistes…) pour veiller à obtenir un résultat à la hauteur des rêves des enfants et qui soit pérenne. Les enfants ayant participé à l’élaboration deviendront ambassadeurs du musée. Lors de l’inauguration du dispositif, à la réouverture du musée, ils seront invités, en avant-première, avec leur famille, à un vernissage spécialement organisé pour eux.

© Projet XL Art
© Projet XL Art

Projet 3 : « Expressions de rue 2 » - AMO Dynamo

Le projet consiste en la création de résidences d’artistes sur l’espace public au sein de plusieurs quartiers Ixellois et Forestois permettant l’accès à la culture pour des enfants et des jeunes vulnérables. Les objectifs fixés par le projet sont les suivants :

  • Amener l’art en rue et favoriser l’expression des jeunes.
  • Principe de la libre adhésion.
  • Fonctionner au rythme et selon les besoins des jeunes.
  • Rencontre de nouveaux jeunes.
  • Valorisation des jeunes.
  • Convivialité et donner une image positive de l’espace public et des jeunes.
  • Offrir un espace de créativité « sécurisé » vu qu’il se déroule en extérieur pour les enfants et les jeunes.

Projet 4 : « Gaming House » - Maison des Jeunes d’Arlon

La finalité du projet est d’aménager une Gaming House dans la Maison des Jeunes d’Arlon afin d’attirer un nouveau public de pré-ados et adolescents, isolés et déconnectés de la « vraie vie ». Les objectifs principaux de ce projet sont de :

  • Favoriser la rencontre, l’épanouissement personnel et collectif à travers la pratique du jeu vidéo et du jeu de rôles, prioritairement chez les 10-21 ans, dans un espace équipé et aménagé à cette fin ;
  • Diversifier l’offre d’animations en proposant des ateliers, formations, workshops autour du jeu vidéo en axant le travail sur l’éducation aux médias, le développement de l’esprit critique, la prise de recul, le jeu coopératif et solidaire ainsi qu’aborder des notions telles que « la récup’ », apprendre à réparer son PC ;
  • Permettre à d’autres publics que les « gamers » d’avoir accès à l’outil informatique pour : rédiger leur lettre de motivation, le CV, apprendre à travailler sur l’outil informatique, suivre leurs cours en ligne, organiser des réunions et travaux de groupe etc.

Projet 5 : « Coup d’œil : 3ème ! Zoom sur l’interculturalité » - le Centre de Jeunesse de l’Ouest / l’ASBL La Baraka

Ce projet permettra à une cinquantaine de participants, majoritairement entre 8 et 26 ans et représentatifs de la diversité culturelle et sociale, de réaliser une série de courts-métrages sur le thème de l’interculturalité, dans le cadre d’une résidence de tournage. Les films réalisés seront présentés lors de ciné-débats et de festivals, ainsi que via une diffusion numérique. Ils serviront aussi de support à un outil pédagogique sur l’interculturalité. Ce projet est en réalité le prolongement des projets Coup d’œil (mené en 2020) et Coup d’œil : acte 2 (programmé en 2021), qui consistent dans l’initiation de jeunes aux techniques audiovisuelles et à la réalisation collective de courts-métrages sur divers enjeux de société. « Coup d’œil : 3ème ! Zoom sur l’interculturalité » centrera le thème des films sur l’interculturalité et s’ouvrira à un public encore plus mixte culturellement, via des partenariats avec des structures d’aide aux demandeurs d’asile.

Les objectifs du projet sont les suivants :

– encourager le faire-ensemble et la participation active à travers le processus créatif ;

– favoriser l’expression des jeunes, plus précisément l’expression citoyenne ;

– favoriser, auprès des jeunes, l’ouverture d’esprit et le sentiment de solidarité, qui sont des prérequis à un vivre-ensemble harmonieux.

Le projet s’appuiera sur une participation active des jeunes, une méthodologie de projet et une approche interculturelle.

Projet 6 : « Bruxitizen : droits à l’éducation pour tous, qu’en pensent les jeunes ? » - Agence Alter

Le projet Bruxitizen, mis en œuvre par l’agence Alter, une agence de presse sociale, existe depuis 2012. Il vise à favoriser l’expression médiatique et politique des jeunes Bruxellois entre 12 et 25 ans. Il s’agit concrètement d’ateliers média et de débats sur des thématiques sociales pour s’initier au journalisme, confronter des points de vue et susciter la rencontre entre les jeunesses bruxelloises. C’est un projet d’éducation permanente et de journalisme citoyen qui poursuit l’objectif d’offrir aux jeunes une tribune médiatique, de leur apprendre à décoder des problématiques sociétales, de leur apprendre à oser s’exprimer sur un sujet qui les concerne. Le thème 2021-2022 était « Droits à l’éducation pour tous : qu’en pensent les jeunes ? » (Altermedialab – Bruxitizen).

Entre octobre 2021 et mai 2022, des étudiants de l’Université Saint-Louis, des élèves de l’Institut Cardinal Mercier et des jeunes en provenance d’une association socio-culturelle située à Schaerbeek ont participé à différents ateliers, et aussi à des moments d’échanges :

– Des ateliers d’expression (de joute verbale) et des débats pour décortiquer la problématique, acquérir des clefs de compréhension, développer des compétences orales par la pratique, développer leur confiance en soi et apprendre à s’exprimer sur un sujet complexe.

– Des ateliers média participatifs et citoyens (Medialab) pour mettre en capacité les jeunes participants à la prise de parole en acquérant des compétences d’analyse, de traitement et de production d’information. Un des objectifs de ces ateliers était de partir à la recherche d’information(s), d’interroger des experts, d’apprendre à oser poser des questions, à trouver un point de vue, être créatif sur la façon d’amener un sujet, etc.

Suivant la ligne éditoriale de la revue Alter Echos, les jeunes ont aussi été formés à la production d’une information sociale et critique. Encadrés par des journalistes, vidéastes, illustrateurs, producteurs radio professionnels, les jeunes ont été invités à choisir le média de leur choix (écriture, BD-journalisme, photo, radio, et vidéo) et ont participé à une série d’ateliers qui avaient pour but de leur donner les clés de ces médias.

 

Pour la 9ème édition du projet Bruxitizen, l’équipe a proposé aux jeunes de débattre sur la question du droit à la scolarité/à l’éducation pour tous, notamment à travers la problématique spécifique de la scolarisation des enfants primo-arrivants en Belgique et du dispositif DASPA (dispositif d’accueil et de scolarisation des élèves primo-arrivants).

En Fédération Wallonie-Bruxelles, les élèves primo-arrivants sont deux fois plus nombreux qu’il y a dix ans : 968 en DASPA en secondaire en 2010, contre 2.014 en 2020. La scolarisation des enfants nouvellement arrivés en Belgique reste un défi de tous les jours pour les écoles qui les accueillent. Ce public est hétérogène, souvent peu scolarisé, voire analphabète, et les objectifs pédagogiques appellent à en faire des élèves ordinaires rapidement. C’est un dispositif qui suscite de nombreuses interrogations depuis plus de vingt ans : ségrégation/ghettoïsation scolaire, fermeture de certains établissements scolaires/enseignants à l’accueil de ces enfants primo-arrivants, manque de formation des enseignants, etc.

Le système éducatif belge tient-il ses promesses à l’égard de tous ? Que révèlent les difficultés vécues par les équipes pédagogiques et par les élèves sur les effets de la relégation, sur le droit à l’éducation pour tous et sur le fonctionnement du système scolaire ? Voici quelques-unes des questions posées.

 

La programmation a été articulée en plusieurs temps. Durant tout le processus, les jeunes ont eu l’opportunité de rencontrer des acteurs sociaux, politiques, institutionnels, des acteurs de terrain aussi issus de différents milieux. Plusieurs activités ont été mises au programme du projet. Parmi ces ateliers, on retrouve :

– Le tour des inégalités scolaires ;

– Ateliers d’expression : les joutes verbales ;

– Ateliers d’intelligence et de participation citoyennes ;

– Ateliers Medialab : radio, photo, vidéo, écriture ;

– Évènement de clôture.

 

Le tour des inégalités s’est organisé à Molenbeek-Saint-Jean, où se situe le siège administratif de la

Fédération Wallonie-Bruxelles. Molenbeek est un territoire où les inégalités sociales et scolaires sont particulièrement prégnantes. C’est aussi un territoire où coexistent de nombreuses associations, institutions, acteurs et citoyens qui s’activent pour lutter contre les inégalités scolaires.

La visite a d’abord abordé différentes problématiques :

  • « Une école pour tous ? L’institution scolaire, une institution discriminante ? », avec l’école de devoirs de l’ASBL La Rue et la Coalition des parents de milieux populaires ;
  • « L’accès à l’éducation des mineurs primo-arrivants en Belgique, une situation de non- droit ? », avec Julie Dock-Gadisseur, Professeure en classe DASPA au Campus Saint-Jean ;
  • « Le numérique comme vecteur d’émancipation ? » & « Covid-19, la fracture numérique : nouvel enjeu de lutte contre les inégalités ? » avec l’ASBL MolenGeek.

 

Ensuite, dans un deuxième temps, l’ensemble du groupe a pu participer à une discussion en séance plénière avec des experts tels qu’Elsa Roland, Professeure et Chercheure en Sciences de l’Education, Fred Mawet (CGé-Changements pour l’égalité́) et Naïma Ben Ali, maman membre de la Coalition des parents de milieux populaires. 3 thèmes :

  • Que recouvrent les inégalités scolaires ? De quoi parle-t-on ?
  • Quelles sont les revendications de la Coalition des parents de milieux populaires ?
  • Quels sont les vecteurs de changement vers l’égalité́?

 

Les ateliers de joutes verbales ont été organisés avec des jeunes de l’association des Ambassadeurs d’expression citoyenne (Les ambassadeurs d’expression citoyenne).

D’autres ateliers ont aussi été mis en place pour comprendre le droit à l’éducation pour tous :

  • Les inégalités scolaires en question : quand on parle d’inégalité́ scolaire en Belgique, qu’est-ce qu’on observe ? Quelle expérience en font les jeunes ? Quels sont les leviers d’action existants ?
  • Quiz sur le système scolaire belge : comprendre le système scolaire belge actuel, son fonctionnement et son évolution à travers l’histoire.

 

Une soirée de clôture « journalisme vivant/live journalism » a eu lieu à l’issue des ateliers, lors de laquelle les jeunes sont montés sur scène pour participer à une émission de radio diffusée en direct, pour présenter au public leurs productions et réflexions sur le sujet travaillé.

© Agence Alter « Projet Bruxitizen »

Projet 7 : « Vis ta Vie » - ASBL Ras-El-Hanout

Le projet « Vis ta Vie » encourage le développement artistique des jeunes et leur propose un accompagnement psycho-social individualisé. L’espace-temps offert aux jeunes se veut être un lieu d’échange, de respect et de vivre-ensemble, un « safe space » dans lequel l’expression des jeunes est mise en avant sous des formes diverses et variées. Ces diverses formes d’expression permettent aux jeunes d’extérioriser tout leur ressenti, d’autant plus depuis le début de la crise sanitaire.

Concrètement, le projet proposera des ateliers théâtre pour les jeunes de 12 à 18 ans, appelés « Ma Vie en Scène ». Ces ateliers seront organisés sous forme de parcours sur plusieurs années, allant de l’initiation, en passant par le perfectionnement pour arriver à la création et l’auto-gestion de projets artistiques.

Projet 8 : « Ce Covid qui me vide » - Foyer des Jeunes des Marolles

Ce projet vise à aider les jeunes adolescents qui ont du mal à vivre les conditions sanitaires actuelles. Les objectifs de ce projet sont :

  • De fournir un moment d’écoute et d’expression pour les jeunes qui leur permettra d’extérioriser le mal-être et la frustration qu’ils peuvent vivre au quotidien depuis un an maintenant
  • La création d’une bande dessinée avec et surtout par les enfants, afin d’utiliser l’art-thérapie pour leur permettre de mettre des images et des mots sur un vécu, un ressenti, un mal-être mais aussi de leur permettre de prendre de la distance par rapport à ces sentiments et de trouver des moyens d’atteindre un bien-être dans des conditions inhabituelles et inédites actuellement.

Ces projets ont démarré, pour la plupart, en septembre 2021 et sont en cours de réalisation.